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étranglons avec les mêmes lois stupides et cruelles par lesquelles les autorités du Nouveau-Brunswick empêchent nos Acadiens de conquérir la terre sur la forêt, et les contraignent à se déverser aux usines du Massachusetts, comme nous un peu partout. Ne remédiera-t-on pas à ce contre-bon-sens, à cette législation anti-économique et anti-nationale, comme on veut remédier au voisinage désagréable des marchands de bois dont les limites arrêtent tout progrès de défrichement ? On se propose, en effet, d’échanger les morceaux colonisables des concessions forestières contre d’autres situés ailleurs et impropres à la culture ; cette mesure depuis longtemps réclamée, permettra aux colons du Nominingue et de la Beauce d’acquérir de bons lots détenus jusqu’ici par les compagnies McLaren et Breakey. D’autres points se sont améliorés : les chemins s’ouvrent beaucoup plus vite entre les lots ; les subsides pour la colonisation ont fort augmenté : de 58,443 piastres en 1880-81, ils sont montés à $249,545 en 1913-14, et s’abaissent ensuite à $225,000 puis à $200,000 en 1915-16. Espérons qu’à l’avenir, alors surtout que les villes mêmes, par leurs Chambres de commerce, demandent des subventions plus

    tions. Nous avons ainsi obtenu un territoire assez vaste pour la fondation d’une nouvelle paroisse, et tous les obstacles ont été aplanis comme par enchantement Ce que les colons laissés à eux-mêmes n’auraient jamais pu obtenir, nos cercles l’ont eu sans difficulté. C’est le temps de proclamer que l’union fait la force. Le problème serait vite résolu si l’on savait s’unir dans une action commune, et cela par l’association »…

    Voilà en effet la conclusion du bon sens, celle qu’on pratiquerait s’il s’agissait d’une affaire quelconque, ou si nous savions faire de la sociologie pratique, du patriotisme pratique, au meilleur sens du terme. Les griefs sont partout, au Nominingue, à la Gaspésie, au lac St-Jean, à l’Abitibi : il faut des porte-voix aux pauvres plaintes des colons ; il faut des cercles qui fassent enquête, qui dénoncent, qui crient, qui sollicitent. Il faut que les fonctionnaires soient surveillés, dégourdis, aiguillonnés, que la colonisation tienne une place dans leurs loisirs, qu’ils s’occupent non à empêcher le défrichement de notre province, mais à l’étendre de plus en plus. Il faut amender les lois de colonisation, préférer nos bâtisseurs de paroisses aux clubistes et aux marchands de bois millionnaires de New-York, et subordonner le Département des Terres au Ministère de la Colonisation. La terre libre au colon libre !