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outils, arrache-souches et machinés, qui sont bien malcommodes à transporter des vieilles paroisses ? Pourquoi ne pas donner du bétail, comme on en ramasse pour les ventes d’automne de Montréal et de Québec, afin que les races pures s’introduisent tout de suite là-bas et qu’on n’y fonde pas des troupeaux inférieurs à base de vaches malingres, les seules qu’un pauvre diable rendu si loin puisse se payer ? Pourquoi n’avancerait-on pas de l’argent, tout simplement, comme le Pacifique-Canadien, et l’Ontario ? À la dernière session, le Crédit agricole est venu sur le tapis, pourquoi n’établirait-on pas le Crédit du colon, puisque le défricheur est sans contredit l’agriculteur qui a le plus grand besoin d’emprunter ? Notre gouvernement offre aux vieilles muninicipalités, pour les travaux de la voirie, des conditions d’emprunt très favorables, pourquoi n’établirait-il pas de même des amortissements faciles en une vingtaine d’années, comme dans l’Ouest ? Ou encore, si nous passons à l’initiative privée, pourquoi les caisses populaires Desjardins, ces systèmes économiques de pompes aspirantes et foulantes, comme le propagateur lui-même se plaît à les appeler, ne crééraient-elles pas ce Crédit du colon en faisant couler sur les terres neuves l’argent qu’elles pomperaient des vieilles paroisses cossues ?

Mais, dira-t-on, ni les caisses ni le gouvernement ne prêteront jamais sur une hypothèque de colon. L’Ouest le fait bien et s’y connaît en affaires ; pourquoi nos gens méritent-ils moins créance ? Non vraiment, qu’on ne dise pas qu’il n’y a jamais moyen de prendre ses garanties avec la généralité des colons ; c’est trop humiliant pour eux et pour nous.

Si le ministère de Québec ne peut fournir de l’argent aux défricheurs, pourquoi ne les laisserait-il pas, du moins, gagner leur subsistance en vendant le bois coupé sur leur