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continu, si nous voulons créer une transplantation intense et durable, il nous faut trouver moyen de réduire la dose de sacrifices, de faciliter l’accès des terres neuves, de venir en aide au colon. On lui épargnera de mourir d’ennui, si l’on a eu le soin de le grouper avec des amis, des connaissances, tout au moins des régionaux, des pays, comme on dit en France. On lui épargnera de mourir de faim, si le gouvernement ou quelque société nationale lui vient en aide, s’il peut emprunter quelque part, fut-ce à un Crédit agricole, ou du moins, peut-on articuler cette énormité dans Québec ? s’il peut vendre le bois qu’il coupe sur son lot.

« On transplante les hommes comme les arbres, écrit M. Rameau, avec les mêmes difficultés et les mêmes soins ; il faut assurer la formation de nouvelles racines pour qu’ils reprennent une vie qui leur soit propre. »

À l’origine de la colonie, on fournit d’abord le passage, la terre, la nourriture et les hardes jusqu’à la première récolte. Plus tard, en vue de coloniser le Détroit, on donne les instruments, quelques animaux et la première semence. En 1750, M. de la Jonquière ajoute à cela un fusil, la nourriture pour toute la famille pendant dix-huit mois, et il entretient aux frais du roi un charpentier qui aide les habitants à se bâtir.

Que faisait, et surtout que ne fera pas demain le Pacifique-Canadien pour les soldats de retour du front ? Les prospectus viennent de paraître, énonçant des conditions alléchantes, incroyables pour nous, habitués à vivre dans la petitesse… Les fermes seront « prêtes à occuper ; la maison, les granges, les puits, les clôtures, tout sera terminé avant que le nouveau fermier en prenne officiellement possession ; il y aura même quarante acres de terre prête à ensemencer, et l’on fournira, si c’est nécessaire, le bétail, les grains et les machines agricoles… Si le colon ne peut suffire à sa