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1830, la paroisse de Corsley embarqua à ses frais, en une seule fois, soixante-six personnes à destination du Canada. Environ la moitié étaient des jeunes gens n’ayant pas encore atteint leur majorité. En deux ans, deux cents personnes émigrèrent, dit-on sur une population inférieure à deux mille habitants. » N’est-ce pas là notre affaire ? N’imiterons-nous pas le geste encore plus noble des ancêtres français recrutés jadis pour travailler aux débuts si rudes de la Nouvelle-France, alors que, sur trois cents recrues, il en mourait durant la traversée, trente-trois à Pierre Boucher de Boucherville, et soixante à M. de Mésy, et que les autres s’enracinaient ici, exposés à l’ennui, au froid et au couteau des Iroquois ?…

au programme d’éducation

Notre œuvre d’emprise du sol est-elle donc terminée ? La levée des colons ne mérite-t-elle pas de passer dans nos mœurs, comme dans les vieux pays, les anciennes levées de volontaires, et, dans l’Ouest, l’enrôlement des moissonneurs ? La colonisation ne doit-elle pas être inscrite aux programmes d’études avec l’agriculture, dont elle est la source ?

L’éducation se ruralise, tant mieux ! Il importe cependant que les enfants n’apprennent pas seulement à garder le vieux sol, mais aussi à conquérir le neuf. Dès l’école, dans les dictées, le calcul, la géographie et l’histoire du Canada, il faut tendre leurs regards vers cet immense empire du Nord que vient de traverser si opportunément le Transcontinental ; il faut les en coiffer à la manière de ces petits Prussiens de 1815, dont Pierre de la Gorce[1] nous montre le précoce dressage en vue de l’unification de l’em-

  1. Histoire du Second Empire, Tome IV, p. 400.