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Des prêtres, de la même région s’il y a moyen, reçoivent là-bas les groupes de pionniers, et les établissements s’additionnent et se multiplient. Pourquoi ne fonderions-nous pas annuellement les quarante paroisses que nous permettent notre natalité et l’esprit d’apostolat de nos prêtres, qui rêvent de colonisation pour étendre le règne de l’Église ?

un projet de transplantation

Voici comment nous nous représentons cette propagande d’instruction verbale et de recrutement, qui serait encore assez facile. Un prêtre-colonisateur dans chaque diocèse obtient de Monseigneur l’Évêque l’autorisation de recruter des colons pour l’Abitibi ou pour le Sud. Il vient de temps à autre dans chaque paroisse, exposer aux hommes, femmes et jeunes gens les motifs de la colonisation, ceux d’ordre pratique et ceux d’ordre élevé, les moyens plus faciles aujourd’hui qu’autrefois, les témoignages de défricheurs heureux, le tout illustré d’éloquentes vues fixes ou animées montrant à l’œuvre un colon type, et aussi la fortune différente de deux anciens voisins qui auraient quitté la terre natale, l’un pour mieux établir ses fils en pays neuf, l’autre pour filer un mauvais coton aux États-Unis. On peut encore faire sauter aux yeux beaucoup de vérités qui auraient pu ne pas entrer par les oreilles : c’est le truc éducationnel pour les enfants, dont le peuple n’est que le plus grand.

Puis, quand l’auditoire est bien au courant, bien enlevé, on l’exhorte à aller voir, on fixe une date d’excursion commune à dix ou quinze paroisses, on distribue séance tenante des billets de colons à très bas prix, surtout pour l’aller ; le lendemain, on complète les renseignements en petits comités, puis on va répéter la séance dans la paroisse voisine. Le jour du commun départ, on est dans