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court à travers les sapins ; mais quittons la rhétorique pour la pratique : s’est-on jamais donné la peine de faire aux terres neuves une réclame, mais là, une vraie réclame, organisée, poussée, concluante ; une publicité de journaux, de tracts, d’affiches, de conférences et de projections ; une réclame à millions, toute commerciale, qui emballe la clientèle, pénètre dans tous les recoins et pousse à l’action ?

Il y a cinq ou six ans, un cultivateur progressif de Saint-Prosper, comté de Champlain, M. Théophile Trudel, allait visiter l’Abitibi, que venait d’ouvrir le tout nouveau Transcontinental, et, à son retour chez lui, il publiait à qui voulait l’entendre que les terres de là-bas valaient les meilleures de par chez eux. Il se recruta des imitateurs, qui défrichèrent des lots, bâtirent des cabanes, amenèrent leurs familles, instruisirent leurs amis qui allèrent les rejoindre, si bien que du seul comté de Champlain huit cents colons sont aujourd’hui là-bas, enracinés en bonne terre, particulièrement à Amos-sur-Harricana, tandis que les autres vieux comtés envoient encore leurs surplus de population en ville et aux États-Unis.

Ignoti nulla cupido, dit un second axiome de philosophie semblable au premier : on ne désire pas ce qu’on ignore. C’est tout le génie des grands annonceurs américains : Trade follows light, le commerce suit la publicité. On doit crier partout les avantages de la terre si l’on veut qu’elle éclipse la ville, qui saute aux yeux. Qu’a-t-on fait jusqu’ici pour mettre en belle lumière ces rudes forêts lointaines qui cachent leurs trésors de jolies fermes sous les brouillards et la misère ?

journaux, tracts, affiches

Pourquoi les journaux, qui gémissent tant de la cherté de la vie, ne donnent-ils pas régulièrement des articles sur le grand moyen d’augmenter la production qu’est le dé-