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par tous les moyens à diriger vers le Canada, qui déjà n’en pourra plus. Il devra, lui aussi, trouver un million de places pour occuper son million de travailleurs et de soldats. On parle bien de transformer les industries de guerre en industries de paix ; cela sonne beau dans une envolée, mais dans la réalité, il ne faut pas avoir vu circuler les équipes de jour et celles de nuit pour croire qu’elles ne chômeront pas, et qu’on sortira chaque semaine un travail équivalent aux cent mille obus qui jaillissent de partout. Non, les villes seront débordées, elles vomiront à pleines rues les ex-fermiers et les fils de fermiers embrigadés depuis peu aux usines et aux bureaux, et la terre devra se faire accueillante, bonne, séduisante le plus possible, elle devra s’offrir, aller au-devant par un système facile de colonisation. Les clairvoyants hommes d’affaires du Pacifique-Canadien l’ont compris, et ils préparent admirablement leur Ouest ; Québec doit faire de même pour ses terres en bois debout, dont les avantages et les facilités devront alors sauter aux yeux.

On pourrait accumuler en faveur de la colonisation bien d’autres raisons économiques tirées de circonstances moins urgentes et plus universelles ; celles que nous ressassons depuis cinquante ans valent encore et vaudront toujours, car la condition nécessaire de croissance de tout peuple en tout temps exige en premier lieu la culture de son sol. Aux collectivités aussi bien qu’aux individus s’applique le vers de Paul Harel :

C’est le travail des champs qui nous rendra les forts.


2o L’ARGUMENT NATIONAL


« Les peuples ne meurent pas, ils se tuent, » a dit M. Étienne Lamy. Les uns se laissent mourir d’inanition ; nous qui héritions d’une vitalité extraordinaire, nous avons