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arrivent, le Seigneur est à guérir des malades. Pour toute réponse, il montre ses miraculés : « Allez dire à Jean ce que vous avez vu et entendu. Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, les pauvres sont évangélisés. » Autant de notes annoncées par les prophètes pour aider à reconnaître le Christ. La députation retourne convaincue, tandis que le Sauveur proclame Jean son messager, son précurseur, le plus grand des enfants des femmes.

Jean-Baptiste peut maintenant mourir, la loi de Moïse s’épanouit dans le christianisme et les Juifs de bonne foi ont reçu assez de lumière. Hérode, noyé dans la fange, ne se convertit pas. Un soir de fête où Salomé, fille d’Hérodiade, avait dansé avec éclat, il lui promit le cadeau qu’elle voudrait, fût-ce la moitié du royaume. Hérodiade, fatiguée des reproches de Jean, conseille à sa danseuse de demander non des perles ou une couronne, mais la tête du Précurseur. Un garde alla frapper le saint prisonnier, dont la tête apportée sur un plat fut remise à Salomé, qui en fit hommage à sa triste mère. Le crime était consommé, Jean était martyr de sa haine du vice.[1] Ses disciples ensevelirent son corps, et ils allèrent en informer Jésus, qui se retira. Notons ces mots brefs de l’Évangile : Jésus se retira. Hérode ne fut pas puni autrement. C’est la plus terrible des malédictions.

La vie toute divinisée de saint Jean-Baptiste est féconde en leçons tant pour les chrétiens en général que pour notre race en particulier. Ses austères vertus auraient besoin de redevenir à la mode, un robuste voyageur de commerce le proclamait énergiquement : « Aujourd’hui que Pilate, Hérode, Caïphe et Judas courent les rues, il faut que saint Jean-Baptiste vienne nous apprendre à tenir bon ! » Ses années de préparation dans la solitude, la mortification et la prière gagneraient à être imitées en nos jours d’irréflexion, de légèreté et de paresse ; sa résistance aux sollicitations d’Hérode et des Juifs qui rêvent d’un Messie riche, son zèle pour la pénitence et sa vigoureuse répression des erreurs des grands trouveraient richement à s’employer en Amérique ; son

  1. L’Église honore la Décollation de Saint Jean-Baptiste le 29 août.