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qu’outre la pension ci-dessus énoncée il aura soin de ses père et mère dans leurs maladies, les fera soigner et médicamenter, leur fournira tous les rafraîchissements nécessaires en pareil cas ; Et advenant leur décès les fera inhumer convenablement comme les autres fidèles à ses frais. Et tous les autres enfants promettent de faire dire chacun une Messe basse de Requiem à chacun de leurs père et mère. »

La vie n’a pas marché vite de 1760 à 1860. En 1833, Charles Guilbert se donne à son tour ; il réclame à peu près la même chose, mais un peu plus, et pas tout à fait dans les mêmes termes : on parle maintenant, de lard marchand, de beurre, de pois cuisans, de thé, de sucre du pays, de patates ; « trois cents oignons, cinquante pommes de choux, trois gallons de rum et trois gallons de vin rouge ; douze douzaines d’œufs, vingt-huit livres de morue verte, et ce par quartier d’année de ce jour ; de plus huit livres de chandelle… Et pour l’entretien du dit Charles Guilbert, un habillement complette d’étoffe du pays, deux chemises de toile tous les ans, une chemise de coton tous les deux ans (il fallait acheter le coton !) une paire de culotte de toile tous les ans, deux paires de souliers dont une de Bœuf, l’autre de cuir mou tous les ans, un mouchoir de poche tous les ans, un mouchoir (de cou) tous les deux ans, un chapeau commun tous les deux ans, un Bonnet de laine tous les ans, douze livres de tabac à fumer tous les ans, une cloque d’Étoffe du pays tous les cinq ans, une paire de mitaines et six pipes tous les ans.

Et pour la donatrice Josephte Chaillez, six livres de tabac en poudre tous les ans, une tabatière tous les deux ans, une jupe et mantelet d’étoffe tous les ans, un mantelet d’indienne tous les deux ans (il fallait acheter l’indienne !), deux chemises de toile tous les ans, une paire de souliers de Bœuf tous les ans, une paire souliers d’escarpin tous les deux ans, une paire de bas de coton tous les deux ans, un mouchoir de poche, un mouchoir de col tous les ans, deux calignes et une coeffe tous les deux ans, une grosse tête tous les cinq ans, un chapeau de paille par année, deux livres de savon par année… De tout ce que dessus les parties sont contentes et satisfaites »…

C’est daté du 9 septembre 1833 ; il y a donc cent ans, nos gens vivaient ainsi dans la simplicité, le calme et le bon sens, à l’abri de la neurasthénie, des trépidations et des morts subites.