Page:Dugré - La Pointe-du-Lac, 1934.djvu/82

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 72 —

C’est une femme débrouillarde, Madame de Repentigny, qui tirera partie même de l’écorce des arbres, des orties, et des cotonniers pour fabriquer des couvertures, de la toile, de la serge croisée, du droguet, qu’elle teint au moyen d’herbes connues des Sauvages. Elle envoie des échantillons en France, le Roi lui retourne des cadeaux, et nos gens s’habillent d’autre chose que des peaux de caribou.

On connaît le costume canadien qui remplaça les habits français : pantalons, chemise, veston et paletot d’étoffe du pays, crémone et ceinture fléchée, souliers ou bottes sauvages, tuque de laine, ordinairement bleue à Montréal, rouge à Québec et blanche aux Trois-Rivières, l’avant-garde du tricolore.

Dans les anciennes donations, les vieux sont bien moins exigeants d’objets achetés que d’articles faits à la maison, tels que l’étoffe, la toile, les chaussures tannées, non vernies. Ainsi un « contrat de donation à Charles Guilbert, insinué par Badeaux, au registre des insinuations le 21 novembre 1786 » et gardé religieusement par M. Napoléon Guilbert ; les donateurs demandent au donataire, en retour, « d’avoir soin de ses père et mère tout pendant leur vie, les loger, chauffer, éclairer, nourrir et entretenir ; les faire soigner et médicamenter dans leurs maladies. Et dans le cas d’incompatibilité d’humeur et que les parties ne puissent s’arranger ensemble, le dit Donataire sera tenu de fournir… : La quantité de vingt-quatre minots de bled froment converti en farine et rendu dans leur grenier, cent cinquante livres de lard, un demi-minot de sel, une demi-livre de poivre, une vache à lait, qu’il remplacera toutes les fois et quantes elle manquera, et laquelle il hivernera et herbagera avec les siennes ; quinze cordes de bois rendues à la porte, un minot de pois. Et quant à l’entretien, une jupe d’étoffe du pays et un mantelet de même étoffe tous les ans, une paire souliers français à femme tous les ans, un habillement à femme pour les Dimanches tous les trois ans, un capot de couverte ou d’étoffe du pays tous les ans, un bonnet drapé tous les deux ans, une paire culotte d’étoffe du pays tous les ans, une paire bas de laine tous les ans, deux paires souliers tannés tous les ans, un mouchoir de coton par an, trois chemises de toile du pays tous les ans, douze livres de tabac à fumer tous les ans. Bien entendu que la dite pension diminuera de moitié au décès du premier mourant, et totalement éteinte et anéantie au décès du dernier mourant, et