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poètes n’auront plus à raconter le naufrage de la « Julie-Plante » et la noyade du captinne et de Rosie, par une nuit d’ouragan :

On wan dark night on Lac St-Pierre,
De wind she blow, blow, blow…

et notre cimetière des noyés sans scapulaire disparaîtra. Seuls, quelques fervents de la navigation vont encore charger des bateaux de pommes à la montagne de Belœil : les autres se contentent d’aller pêcher aux plaines et de regarder passer les navires. C’est la morale du Docteur Drummond :

You can’t get drown on Lac St-Pierre
So long you stay on shore.

(On ne se noie pas tant qu’on reste sur le bord).

Notre lac, assez creux pour l’Émerillon et pour les barges, ne vaut rien pour les géants des mers. Dès 1825, il est question d’y creuser un chenal. Un capitaine Vaughan commence et rate en 1845 son creusage d’une route droite ; on suivra le chenal naturel, et en 1855, la profondeur est de seize pieds. Mais les tonnages augmentent vite, et l’on creuse toujours : les 27 ½ pieds actuels ne suffisent pas, et ce sont les Trois-Rivières et le port Saint-François qui devraient tirer profit du lac-barrière.