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autant de carrioles pour l’hiver ; de servir les voyageurs dans un quart-d’heure, le jour, et une demi-heure la nuit ; et de courir à raison de deux lieues par heure et au tarif d’un chelin par lieue, sans pourboire. Les calèches sont préférables aux diligences américaines, qui cahotent à rompre les côtes… Les chevaux du Canada sont petits et lourds, mais infatigables. On n’en prend aucune espèce de soin : une course finie, on les renvoie au champ, d’où on les ramène pour la suivante. Pour activer l’allure, il suffit d’une gratification, ou mieux d’un souffle de vanité : on loue l’adresse du cocher, l’excellence des chevaux canadiens, Mais si l’on veut leur faire prendre le grand galop, l’on n’a qu’à observer à son compagnon, de manière à être entendu des postillons, que les calèches du Canada sont les voitures du monde les plus détestables, que les chevaux sont si mauvais qu’il y aurait danger à les faire courir au galop, comme dans les autres pays, et surtout dans les États-Unis… Alors leur amour-propre est piqué au vif, et les coups de fouet répétés assurent le succès de leurs chevaux… Le fréquent usage du commandement « marche donc » a fait donner ce surnom aux calèches. »

En 1799, les maîtres de postes des environs étaient Pratt aux Trois-Rivières, J. Panneton à la Pointe-du-Lac, Jean Lord à Machiche, puis Forbes, Belaire, etc. Le relai de Panneton se trouvait au détour, aux camps actuels de M. J.-B. Rouette, où la grève rongée a envahi d’une centaine de pieds. Le quai a disparu, la grosse hôtellerie rouge aussi et même son emplacement, et le chemin a dû rentrer dans les terres, comme aussi à la Banlieue et à l’Acadie, par suite de la débâcle du printemps. Maintenant que les brise-glace préviennent les inondations, il est souhaitable que la voirie se rappelle l’ancien tracé, afin d’éviter aux touristes plusieurs traverses de chemins de fer. Car chemin de fer il y a depuis cinquante-cinq ans.

En 1876, le Chemin de fer du Nord, vendu ensuite par le Ministre Sénécal au Canadien-Pacifique, se construit au milieu de la paroisse, et les plates-formes chargées de gravier avancent quelques cents pieds tous les jours. Les trains circulent à partir de 1879, et donnent un sérieux coup à la navigation d’alors. On ne verra bientôt plus descendre les cages de bois des chantiers d’Ottawa ; les barges à voiles et les chalands se feront rares, les