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était la cérémonie matinale, qui se continuait au milieu des chants, des détonations et de la gaieté générale d’un grand congé.

Les seigneurs Coffin et Montour, qui comprenaient peu l’âme canadienne, ont laissé tomber cette fête en désuétude. Ce n’était pas leur genre.

D’après notre système féodal du gouvernement-propriétaire qui concédait des étendues de terre à des seigneurs qui sous-concédaient aux censitaires, les seigneurs « étaient tenus de faire et porter foi » aux gouverneurs, et cette coutume demeura jusqu’à l’abolition de la tenure. Ainsi l’on voit, en 1781, M. de Tonnancour, décliner en détail devant Haldimand les titres de ses cinq « fiefs et seigneuries relevant en plein fief de Sa Majesté, et à l’instant s’étant mis en devoir de vassal, tête nue sans épée ni éperons et un genouil en terre aurait dit à haute et intelligible voix qu’il rendait et portait au Roy entre nos mains la foy et hommage lige qu’il est tenu de rendre et porter au château Saint-Louis de Québec…, et a fait souscrit et entre nos mains le serment de bien et fidèlement servir Sa Majesté et de nous avertir et nos successeurs s’il apprend qu’il se fasse quelque chose contre son service… »

En 1830, la seigneuresse Montour se contente d’envoyer son notaire Dumoulin se mettre pour elle « en devoir de vassal tête nue, sans épée ni éperons et un genouil en terre » devant le gouverneur Kempt. Ces notaires, tout de même !…

Comment voyage-t-on ? En canot d’abord, sur les rivières, les chemins qui marchent. Puis l’ère commence des voyages par terre. Le grand-voyer Lanouiller de Boiscler termine, en 1734, le Chemin du Roi, de Québec à Montréal, et organise la poste ou service de diligences. Les chemins sont à la charge des habitants, qui ne goûtent pas trop les corvées nombreuses dirigées par les sous-voyers. Les chemins royaux ou de poste doivent avoir trente pieds de large, entre deux fossés de trois pieds.

Résumons ce qu’en dit Isaac Weld, dans son récit de Voyage au Canada 1795, 1796 et 1797 : « On ne trouve point dans toute l’Amérique septentrionale de route aussi commode et aussi bien servie que celle qui conduit de Québec à Montréal. À distances fixes, des maîtres de poste sont tenus d’avoir chez eux quatre calèches, et