Page:Dugré - La Pointe-du-Lac, 1934.djvu/46

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 40 —

le rabat de France sur la symbolique soutane d’étoffe du pays, vous avez tout sauvé pour la patrie terrestre en même temps que pour l’autre, au point que tout notre spiritualisme se tient et que Mgr Bourget a parlé avec actions de grâces du « religieux patriotisme » des Canadiens français.

6o M. Jacques-Philippe Serrand, né à Québec en 1758, desservant et curé de la Pointe-du-Lac, de 1786 à 1788. Il part alors pour St-Paul de Joliette, puis Berthier.

7o M. Joseph Gagnon, né à Québec en 1763, nous arrive jeune prêtre, en 1788 pour jusqu’en 1797, alors qu’il gagne l’île d’Orléans, où il meurt en 1840. C’est M. Gagnon qui organisa la vie, créa l’esprit paroissial. À ce moment quarante-cinq prêtres de France, exilés pour n’avoir pas voulu prêter le serment schismatique à la révolution, viennent exercer le ministère au pays et sont d’un grand secours aux missions acadiennes et dans nos paroisses. La Pointe-du-Lac bénéficie de trois de ces excellents prêtres, Nicolet en reçoit davantage, et l’on a la « Petite France », très douce aux anciens et au souvenir.

En ce temps-là, les gens du fief Gatineau veulent se donner à la Pointe du Lac. L’église du Grand-Machiche, où ils allaient, brûlée par la foudre en 1780, se reconstruit au Petit-Machiche, deux milles plus loin, au milieu d’une chicane qu’on imagine. En 1787, le seigneur Coffin, tout protestant qu’il est, demande à Mgr Hubert de réunir son fief Gatineau à la Pointe-du-Lac, beaucoup plus proche. Monseigneur hésite : les esprits sont trop aigris. Coffin s’en prend au curé Gagnon, qu’il accuse de toutes sortes de choses, et Monseigneur écrit au capitaine de milice André Guay, (futur grand-père de Mgr Cooke, et de tous nos Guay actuels) que si on lui rend le séjour impossible, la paroisse se passera de curé.

À M. Augustin Rivard, du fief Gatineau, Monseigneur fait l’historique du cas : Gatineau appartient à Yamachiche depuis la délimitation de 1721 ; une sentence de la cour d’appel, du 5 novembre 1787, réserve à la Législature de changer ou de diviser les districts des paroisses ; si donc l’autorité civile trouve bon de remanier ces limites, il ne s’y opposera pas. Mais, cinq ans plus tard, en 1796, Monseigneur Hubert fait observer à Thomas Coffin, devenu député, qu’il ne s’objecte pas à ce que la