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Sébastien Provancher à Nicolet. Les autres concessionnaires résident encore aux Trois-Rivières… « Ils nous ont dit qu’ils n’ont point présentement de paroisse plus commode et plus proche »…

S’il ne reste plus alors qu’Amont et Leclerc, à la Pointe-du-Lac, il faut croire que leurs prédécesseurs se sont découragés, car, en 1714, Monseigneur de Saint-Vallier arrête chez les Ursulines, en route vers Montréal et, surpris quelques heures après par un orage interminable, demande gîte et couvert à « une pauvre chaumière isolée située à la Pointe-du-Lac. Là habitait une pauvre veuve indigente et cinq enfants en bas âge, réduits à la dernière extrémité, n’ayant ni pain ni feu. Le cœur si tendre de Monseigneur ne put tenir à un tel spectacle, et il eut bien vite épuisé les provisions que nous lui avions préparées pour son voyage… » Caresses aux petits enfants, large aumône à la mère, et le prélat couche à terre sur une botte de paille. Il racontera souvent que cette cabane l’avait charmé pour sa ressemblance avec l’étable de Bethléem.

Mais voici qu’en 1721, le chemin du Roi s’ouvre jusqu’à Montréal. La paix favorise la culture ; les colons ne sont plus alertés pour la guerre, s’ils vont encore en expédition à Michillimakinac et à la baie des Puants chercher des fourrures pour ces messieurs de Paris. Les Rapports de l’Archiviste de la Province de Québec ne cessent d’inscrire chaque année, des centaines et des centaines de noms d’engagés où l’on déniche des gens de par chez nous. L’on sait aussi qu’un groupe de colons des environs des Trois-Rivières alla fonder le Détroit.

En 1723, Louis Gatineau, sieur Duplessis, marié à Jeanne Lemoyne, seigneuresse de Sainte-Marie, à La Pérade, est forcé d’avouer qu’après onze ans de possession du fief Gatineau, il n’y a placé aucun colon : trois lots sont déjà concédés à son cousin Claude Crevier, à la veuve et au fils de Pierre Lemaître. Il promet de faire mieux, ce qui sent le repentir d’élève pris en faute, et la crainte d’être dépossédé de son fief inexploité. Cette partie Ouest souffrira de son voisinage avec la Grande-Rivière, plus fertile et plus accessible en canot.

En 1733, le Chevalier de la Pause, qui monta à pieds de Québec à Montréal avec le régiment de Guienne, écrit : « Nous sommes presque toujours dans les bois depuis cette paroisse jusques à Machiche ».