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III — Nos Anciens


Revenons en arrière, sortons des grandeurs pour entrer chez les humbles.

En concédant la forêt, les gouverneurs, au nom du Roi, obligeaient à la faire défricher, à la faire habiter. C’est normal, puisque la terre est créée pour l’homme. Les Seigneurs devaient imiter Robert Giffard, de la côte de Beauport, et notre Pierre Boucher, qui étaient allés se chercher ces valeureux colons du Perche, les modèles des colons et les créateurs des régions de Québec et de Boucherville.

La terre était immense, partout appelante et fertile : les hommes manquaient. Le régiment de Carignan, une fois les Iroquois amortis, s’attaque aux arbres et s’établit dans le pays ; des centaines de jeunes filles, normandes et parisiennes, viennent s’offrir en mariage : le roi fournit une dot de 50 livres, ainsi qu’une habitation et des vivres pour huit mois, afin qu’on puisse défricher sans trop d’inquiétude. Ces recrues ne viennent pas jusque chez nous. En 1681, pas un colon jusqu’à la Rivière-du-Loup.

En 1688, l’on ne compte de la Banlieue à Lanoraie, que 23 maisons, 24 ménages, 85 bêtes à cornes et 41 cochons. En 1709, seize habitants à Machiche ; aucune indication pour la Pointe-du-Lac, ce qui est mauvais signe : ici, pas de nouvelles, mauvaises nouvelles. Et pourtant il y a des colons.

Au procès-verbal « sur la commodité et l’incommodité de venir à l’église », rédigé sur place en février 1721 par Maître Collet, pour M. de Vaudreuil, chargé de régler les districts de 82 paroisses actuelles ou futures, il appert qu’en dehors du bourg des Trois-Rivières, il n’y a que huit colons qui tiennent feu et lieu sur leur terre : à la Banlieue, Pierre Lemaîstre, l’anonyme fermier du Sieur Laframboise, Antoine Le Pelé Desmarets, Ignace Lefebvre-Belisle et Joseph Fortier ; à la Pointe-du-Lac : Jean LeClerc et Jean Amont ; au fief Gatineau, mais plutôt dans Yamachiche, Lafontaine et Crestien ; sur la rive sud, Joseph Baudry-Lamarche, Pierre Pommier dit Sans-Quartier et