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tions. M. de Tonnancour ne se présente plus : sa carrière politique est finie. Il meurt à 40 ans, sans enfants.

Deux des filles entrèrent ensemble au monastère des Ursulines, un peu malgré leurs frères, et elles reçurent les noms déjà portés par leurs tantes : Marie de la Croix et Ste-Hélène. Mais voilà bien qu’à la veille de la profession, au congé qu’on faisait prendre alors dans la famille, le seigneur de Tonnancour, ayant amené ses novices au manoir pour une joyeuse réunion de parenté, l’aînée, cédant aux instances des petits frères et du paysage, reprit « les livrées du siècle » et ne rentra pas. Sa sœur, Marie de la Croix, s’évanouit, retourna seule et fit profession ; elle mourut vingt-six ans plus tard, en 1810. L’autre se mariera à Nicolas St-Martin.

Marie épouse en 1770 Eustache-Gaspard-Michel Chartier de Lothinière, et meurt en 1799, sans enfants.

Josephte, mariée à Paul-Roch de Saint-Ours, meurt à l’Assomption en 1819.

Marguerite-Madeleine, Manette, de son petit nom, née en 1758, se marie en 1784 au docteur anglais Prendergast, chirurgien des troupes aux Trois-Rivières, et meurt à Québec en 1824, laissant plusieurs enfants. Son père, qui était patriote, eut beau s’opposer à ce mariage mixte, rien n’y fit. Voyons cela, c’est caractéristique du temps et du papa.

M. de Tonnancour qui était plus qu’estimé du gouverneur-général Haldimand, pour ses services rendus, sa haute position, ses richesses et sa personnalité, emploie son crédit à protéger les Canadiens, comme on peut le constater dans le peu de zèle qu’il met à pincer les Giasson, qui font la traite des fourrures dans le haut Saint-Maurice. Haldimand était protestant, mais Suisse de langue française. Il écrit en français les trois quarts de sa correspondance, même officielle, même avec les officiers allemands aux noms sonores de Knyphausen, Rauschenplat, Reichenstein, Schaffalisky, Tunderfelt, Kotencrultz, etc, qui étaient venus lutter contre les Américains, et même avec des subalternes anglais comme Gage, Campbell, qui savaient élégamment notre langue.

M. de Tonnancour lui écrit souvent pour des fonctions, missions et contrats dont il est chargé. Mais voici que, le 30