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UN VOYAGEUR

pas, et que son dernier morceau de pémikan était mangé, le découragement commença à s’emparer de lui. Assis tristement sur le bord du lac, il se reporta par la pensée sur la grève du Saint-Laurent, en face de Bourcherville, où tant de fois il avait pris ses ébats avec des camarades. Le cinquième et le sixième jour se passèrent, et Charbonneau, toujours en sentinelle comme sœur Anne de Barbe-Bleue, ne voyait rien venir. C’était assez mal débuter dans sa vie de voyageur ; heureusement sa course ne devait pas se terminer là, et il était décrété par la Providence que Jean-Baptiste Charbonneau, après mille et une aventures, s’éteindrait tranquillement dans son lit.

Le septième jour, de grand matin, il aperçut un canot qui avait l’air de se diriger de son côté ; il crut que c’étaient ses compagnons qui revenaient de leur excursion ; mais après quelque temps il vit que l’embarcation ne s’approchait pas de terre et qu’elle faisait mine de passer outre. Comme elle n’était pas