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AVIS AU LECTEUR

De temps à autre, j’abandonnerai mon homme sur une grève, pour aller faire une excursion dans les prairies ou dans les bois, quitte à le reprendre après un détour de quelques lieues.

Le lecteur, en suivant mon voyageur dans ses longues et pénibles marches, si souvent accompagnées de privations et de dangers, se demandera : d’où venait cet attrait que trouvaient presque tous nos coureurs des bois à un tel genre de vie ? quel charme les attachait donc à ce pays où ils avaient à essuyer tant de misères ? comment se fait-il que la plupart d’entre eux oublièrent le sol natal et ne songèrent plus à revoir le Canada ?

Plus d’une fois je me suis adressé la même question, à la vue de ces contrées sauvages qui, alors surtout, étaient loin d’offrir l’aspect enchanteur des rives du Saint-Laurent.

La seule explication possible de ce goût étrange qui faisait abandonner si gaiement la vie civilisée pour la vie sauvage, était l’a-