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DES PAYS D’EN HAUT

Durant l’hiver un sauvage du nom de Wendecaugo vint au fort pour faire la traite. La femme qui l’accompagnait était une des deux Indiennes qui avaient massacré, l’hiver précédent, les trois occupants du poste. Comtois et Poussin se consultèrent un moment avant de décider s’ils allaient profiter de l’occasion pour venger la mort de leurs compagnons. Le sauvage, innocent de ce crime, se croyait dans une parfaite sécurité ; il ne se serait pas imaginé qu’on voudrait le rendre responsable d’une faute à laquelle il n’avait participé en aucune manière ; mais la détermination des deux serviteurs de la compagnie fut bientôt arrêtée : ils dirent à Wendecaugo et à sa femme de se préparer à mourir. Le pauvre sauvage eut beau faire mille représentations, leur rappeler que dans une occasion il avait sauvé la vie à Comtois, tout fut inutile, et il fut exécuté, avec sa femme, en présence de sept autres employés du fort. Personne ne fut blâmé pour ce meurtre judiciaire.