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DES PAYS D’EN HAUT

Les serviteurs imitaient les maîtres dès qu’ils jugeaient à propos de se venger. On est étonné quelquefois et l’on a peine à concevoir que des hommes élevés dans la connaissance du christianisme aient pu se porter à des actes de barbarie dont le récit fait frémir.

En 1802, la compagnie du Nord-Ouest avait, auprès du lac Supérieur, un petit poste gardé par trois hommes. Pendant l’hiver, un sauvage qui avait rendu de grands services aux gens de ce poste l’été précédent, se trouvant sans provision aucune, et dans l’impossibilité de s’en procurer par la chasse, envoya deux de ses filles pour demander un peu de nourriture au fort. On leur donna du poisson, mais en si petite quantité, que les deux pauvres filles, voyant l’insuffisance de ce secours, n’osèrent pas retourner auprès de leur père. Elles renouvelèrent leur demande, et insistèrent pour recevoir davantage, promettant de payer ces vivres aussitôt qu’elles pourraient faire la chasse. Ce fut peine inutile, on ne