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UN VOYAGEUR

Alors les voyageurs se hâtaient de ployer les tentes des bourgeois et des commis, remettaient les canots à l’eau, et après les avoir chargés, reprenaient l’aviron pour ne le déposer qu’à l’heure du déjeuner, ou au premier portage, s’il s’en rencontrait un. Le portage amenait un peu de variété, mais ne donnait pas de repos.

Dans les canots, les chefs avaient continuellement les yeux sur les rameurs, pour les stimuler s’ils les voyaient se relâcher un moment.[1]

La vitesse de la marche était calculée d’avance, et les campements étaient fixés tout comme les stations sur une ligne de chemin de fer. En partant à telle heure de tel endroit, on devait arriver à telle autre

  1. On rapporte une réponse assez goguenarde donnée un jour par un rameur qui ménageait ses forces en plongeant son aviron dans l’eau tout près du canot. « Paresseux, lui cria le guide, va donc chercher l’eau plus loin. — Pourquoi, répondit le rameur, l’aller chercher loin, tandis que j’en ai si proche ? »