Page:Dugas - Un voyageur des pays d’en-haut, 1890.djvu/42

Cette page a été validée par deux contributeurs.
40
UN VOYAGEUR

ces insectes font leur apparition. Ceux qui n’ont jamais été dans les bois, et le long des lacs ou des rivières de ces contrées septentrionales, n’ont aucune idée des tourments que peut causer cette armée de petits ennemis ailés. Ils sont si nombreux quelquefois et si altérés de sang, qu’ils font périr, les animaux sauvages, tels que le chevreuil et l’orignal. Il est même arrivé que des chevaux ont succombé sous les dards de ces milliers de cousins, qui leur couvraient littéralement tout le corps. À la veille de la pluie, quand le temps est sombre, on voit des nuages de moustiques tellement épais qu’il devient impossible de garder une lampe ou une chandelle allumée ; c’est à peine alors si on parvient à les éloigner un peu, au moyen d’une forte fumée.

Pendant le jour, les voyageurs novices, occupés à manier l’aviron, subissaient de copieuses saignées, et malheur à eux s’ils osaient se plaindre, l’épithète de mangeur de