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UN VOYAGEUR

ques heures, et répété plusieurs fois le jour, doit faire éprouver de douloureuses sensations à celui qui le subit. Cependant c’était à cette cruelle nécessité qu’étaient soumis les canotiers pendant toute la durée du voyage. Quand l’opération du transbordement était finie, le rameur reprenait sa place dans l’embarcation, sans avoir un moment pour tordre ses habits ruisselants d’eau. Si les portages se succédaient rapidement, le pauvre malheureux était condamné à être trempé et grelottant jusqu’au soir.

Le transport des colis d’un bout du portage à l’autre avait heureusement, pour ces circonstances, le bon effet de raviver la chaleur du sang et de réchauffer les membres engourdis par l’eau glacée. Un de ces colis (nous l’avons dit plus haut) pesait de quatre-vingt-dix à cent livres. Un homme de moyenne force et peu accoutumé à soulever ces fardeaux, n’en portait que deux à la fois ; mais ceux dont les muscles étaient solides et