Page:Dugas - Un voyageur des pays d’en-haut, 1890.djvu/28

Cette page a été validée par deux contributeurs.
26
UN VOYAGEUR

toires à raconter ; on viendra me fêter, et j’émerveillerai par mes récits garçons et fillettes. »

Si la plupart de ceux qui s’engagèrent pour le Nord furent trompés sur le sort qui les attendaient, il faut dire aussi que tous ne se déterminèrent pas à partir, poussés par le même motif.

Pour les uns, c’était le désir de jouir de la liberté illimitée qu’ils croyaient entrevoir dans les déserts de l’Ouest. La vie sauvage leur souriait ; il leur semblait que là-bas, débarrassés de tout frein, vêtus comme l’Indien, couchant avec lui sous la tente, et chassant comme lui pour vivre, ils n’auraient plus rien à désirer ; pour les autres, c’était l’envie de faire figure quand ils reviendraient au Canada.

Lorsque les jours de fête étaient finis, et que le temps de songer au départ était venu, les recrues commençaient à réfléchir et à regretter leur folie. Dans la chaleur du vin,