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DES PAYS D’EN HAUT

son fusil, de quoi vivre dans l’abondance durant six mois ; enfin la liberté, ce rêve de tout jeune homme impatient du joug de l’autorité ; tout cela était représenté de façon à éblouir la jeunesse, et à lui donner le vertige. Toutes ces narrations poétiques étaient préparées d’avance, pour entraîner ceux qui consentaient à y prêter l’oreille.

Ordinairement, c’était pendant ces jours de fête que les engagements se signaient. Les pauvres jeunes gens de la campagne, qui n’avaient jamais dépassé les limites de leur paroisse, regardaient avec admiration leurs anciens camarades, devenus voyageurs, portant ceinture à flèche et mocassins brodés, fêtés comme des princes, et jouant avec l’argent.

« Voilà ce que c’est, se disaient-ils, que d’avoir vu du pays : on roule gros, et l’on connaît beaucoup de choses. Voyez comme on est considéré ! Moi aussi je veux faire un voyage au Nord, et quand je reviendrai au pays, j’aurai, comme mes amis, des his-