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DES PAYS D’EN HAUT

que le danger n’était pas passé ; on appela de nouveau les soldats sous les drapeaux. Dans toutes les campagnes il y eut le tirage au sort, et tous ceux qui étaient en état de porter les armes vinrent plonger la main dans l’urne de Bellone.

Charbonneau s’exécuta de bonne grâce ; mais cette fois il fut heureux, si l’on peut appeler heureux celui qui est exempt de servir la patrie au moment du danger. Son numéro le dispensait du service militaire. À sa place, plus d’un se serait réjoui, et aurait repris le chemin de son village en bénissant son sort. Jean-Baptiste Charbonneau avait d’autres sentiments ; comme les fiers Romains d’autrefois, il se trouva humilié de la part qui lui revenait ; il avait honte d’aller jouir des douceurs du foyer, pendant que ses camarades allaient exposer leur vie au champ de l’honneur. Son père, Joseph Charbonneau, qui avait tiré au sort comme les autres, se trouvait à partir pour l’armée : l’occasion pa-