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UN VOYAGEUR

étaient faits prisonniers. Un des chefs, ami personnel de Charbonneau, avait ordonné à ses guerriers de ne point lui faire de mal, mais de l’amener au camp. Ils l’avertirent qu’ils n’en voulaient pas à sa vie, mais qu’ils avaient ordre de s’emparer de sa personne. Son compagnon fut aussi épargné. En retournant au Bois-Rouge, ils trouvèrent, étendus sur le chemin, les cadavres de deux Canadiens, Mallet et Martel. Au village, le spectacle était hideux ; des corps sans vie et mutilés gisaient partout ; on avait ouvert le ventre à plusieurs victimes ; des petits enfants étaient cloués sur les portes des maisons ; quelques-uns étaient attachés deux à deux par les jambes et suspendus la tête en bas sur les palissades. Un gros Allemand, qui avait bourré ses poches d’habit de pièces d’or, fut saisi au moment où il passait par une fenêtre de sa maison ; les sauvages l’étendirent sur le dos, et s’amusèrent à lui remplir la bouche avec ses pièces d’or. Manges-