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DES PAYS D’EN HAUT

ries). À peine étaient-ils installés dans leur petit campement qu’ils virent arriver à eux un sauvage qui leur demanda de la poudre et du plomb pour chasser. Croyant qu’il allait continuer sa route, ils se hâtèrent de lui en donner un peu. Mais le sauvage, après avoir chargé son fusil, se mit tranquillement à préparer son gîte auprès d’eux pour y passer la nuit ; puis, avant de se coucher, il ouvrit un sac qu’il portait sur son dos, et en tira un morceau de chair humaine, qu’il dévora à belles dents. L’appétit avec lequel il mangeait cette horrible nourriture effraya Charbonneau et son compagnon. Il n’y avait plus à en douter, ils avaient affaire à un cannibale, ou, comme les Indiens l’appellent, un wendigo.[1]

Plus tard, ils apprirent qu’il avait, quelques jours auparavant, tué sa femme et son

  1. Certains Indiens sont pris de la rage pour dévorer de la chaire humaine comme on est pris d’une maladie. Dans cet état morbide ils tuent ceux qu’ils peuvent rejoindre et les mangent.