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DES PAYS D’EN HAUT

Au milieu du lac sur les bords duquel est bâti le fort, se trouve une grande île déserte qui n’offre d’autre ressource que la pêche. Cette île est assez éloignée de terre pour qu’il soit impossible d’en sortir à la nage.

Ce fut là que la compagnie conduisit ses prisonniers. Pour les empêcher de s’évader de leur prison, on eut soin de leur ôter toute embarcation. On leur remit quelques brasses de ficelle, des hameçons pour faire la pêche, et deux ou trois haches pour couper du bois ; puis on leur dit de s’en tirer comme ils pourraient.

Ainsi abandonnés, ces hommes énergiques comprirent la gravité de leur position ; ils ne perdirent cependant pas courage. Avec les bouts de ficelle et les hameçons, ils commencèrent à se faire des lignes pour la pêche, puis, avec les cordons de leurs souliers, ils préparèrent des lacets pour prendre le rare gibier qui se trouvait sur l’Île. Pendant deux semaines ils vécurent ainsi, toujours à la