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terre éblouie de sa beauté vers je ne sais quel golfe astral qui, dans la sphère divine, attend son retour. Et voici l’aigle, l’hirondelle, les autres, les innommés, commençant l’ascension sublime. Sûrs d’eux-mêmes, enivrés d’espace, buvant la joie éparse des choses, ils saluent d’un geste de leurs ailes le soleil qui va mourir.

Et ce sont les soupirs des nids visités par les derniers rayons : le cri de la mère-oiseau qui remercie d’être traversée par cette chaleur.

Immobiles, cuits, vernissés, les arbres agitent faiblement la chevelure de leurs branches. De chacune, un peuple minuscule monte et descend : mouches, abeilles, fourmis. Ils sont obsédés de stridulements, et le bec fin du pivert troue leur écorce mousseuse. L’écureuil lèche ses pattes en dévorant l’espace du soupçon de ses yeux. Assailli de mille craintes, il semble un petit roi Lear de ce royaume

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