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LA PREMIÈRE CANADIENNE

sion au mois d’octobre. Il y avait déjà un an que son mari était absent et qu’elle n’en avait plus eu de nouvelles. Elle pensait qu’il avait péri le long de la route, qu’il avait été massacré par quelque sauvage, ou qu’il était tombé épuisé de faim et de fatigue.

Ce fut pour elle un automne triste et sombre. La scène du 19 juin avait jeté l’épouvante dans le pays ; on s’attendait à de terribles représailles. Tout le monde souffrait d’un pareil état de choses, on ne savait trop quel serait le dénouement de ces luttes. Que de fois Mme  Lajimonière, assise dans sa misérable cabane pendant les longues soirées d’automne, dut verser des larmes en pensant à sa situation ! Si son mari ne revenait plus quels moyens de subsistance lui restait-il ? La plupart des colons abandonnaient la rivière Rouge pour retourner au Canada. Pour se consoler dans ses ennuis elle n’avait que la prière ; et c’était à ce moyen qu’elle recourait.

Vers la fête de Noël, trois mois après son