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LA PREMIÈRE CANADIENNE

hâtait de s’éloigner, en emportant un enfant, mais elle ne soupçonnait pas que ce fût le sien.

À la porte du fort, elle rencontra le bourgeois, M. Bird, qui lui demanda d’où elle venait et pourquoi elle avait laissé ses enfants seuls, pendant que les Pieds-noirs étaient si proches. « En voici une qui se sauve avec un enfant, dit-il, ce pourrait bien être le vôtre qu’elle a volé. Hâtez-vous donc de vous en assurer. » Il ne fallut qu’un instant pour voir que l’enfant avait disparu, et que sans aucun doute l’Indienne l’emportait. Mme Lajimonière, sans demander le secours de personne et n’écoutant que son amour maternel, s’élança à la poursuite de la Pied-Noir, qui redoublait de vitesse pour s’échapper. Elle était déjà parmi les siens, quand Mme Lajimonière lui mit la main sur l’épaule. « Donne-moi mon enfant », dit-elle en l’arrêtant ; « donne-moi mon enfant que tu m’as volé. » La Pied-Noir ne comprenait pas ses paroles, mais elle comprenait bien ses gestes ; elle voulut faire semblant de ne rien comprendre et parut étonnée