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LA PREMIÈRE CANADIENNE

au milieu d’une grande prairie fréquentée par d’innombrables troupeaux de buffles, quand tout-à-coup il rencontra sur son passage une bande de ces animaux. La présence d’un troupeau de buffles produit sur les chevaux des chasseurs un effet étonnant. Sans être excité par son cavalier, un cheval parfois s’élance à la poursuite des buffles avec tant d’ardeur qu’il devient impossible de le maîtriser. Le chasseur, ainsi mêlé à des milliers d’animaux lancés dans une course furibonde, court les plus grands dangers.

Mme  Lajimonière était, par malheur, ce jour-là, sur un cheval accoutumé à ces courses ; aussi, dès qu’il aperçut les animaux, sans s’occuper du fardeau qu’il portait, il prit le mors aux dents et s’élança sur le troupeau. Embarrassée par les deux sacs qui pendaient de chaque côté du cheval, et dans l’un desquels se trouvait son enfant, Mme  Lajimonière croyait à chaque instant qu’elle allait être lancée sur le sol et broyée sous les pieds des buffles. Elle se recommanda à Dieu et se cramponna de son mieux aux crins du