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LA PREMIÈRE CANADIENNE

tourelle munie d’un bon canon chargé à balles. Il n’y avait qu’à y mettre le feu pour faire danser les sauvages. Le bourgeois dit à son serviteur : « Va dans l’une des tourelles ; ôte les balles qui sont dans le canon et laisse seulement la charge de poudre ; j’en ferai autant de l’autre côté, puis quand je te crierai : tue, tu tueras. » Pendant ce temps-là les sauvages attendaient patiemment à la porte, croyant en vérité qu’on était à chercher les clefs pour les introduire. Quand le bourgeois fut rendu à l’affût du canon, duquel il arracha les balles, il poussa un cri à son serviteur pour l’avertir de faire feu. Les deux coups partirent presqu’en même temps. Les sauvages qui ne s’attendaient pas à ce salut solennel, faillirent en perdre connaissance. Ils furent si effrayés qu’ils bondirent trois pieds en l’air ; puis obéissant au ressort qui les poussait en avant, ils s’élancèrent du côté de leur camp, sans regarder ni à droite ni à gauche. Le bourgeois, joyeux et triomphant, passa la tête à travers une ouverture et leur cria : arrêtez, arrêtez, j’ai encore un autre coup à vous tirer. » Il paraît qu’ils lui