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LA PREMIÈRE CANADIENNE

portait avec elle. Malgré les difficultés d’une pareille route, les voyageurs arrivèrent sans accident à l’entrée du lac Supérieur, à la tête du sault Sainte-Marie. Ce lac, comme on le sait, est une vaste mer intérieure sur laquelle naviguent aujourd’hui comme sur l’océan des vaisseaux de haut tonnage ; il est sujet à de fréquentes tempêtes, et quand cette masse d’eau est soulevée par un vent violent la navigation devient dangereuse, même pour de gros navires ; ses vagues furieuses vont se briser contre les rochers abruptes qui bordent ses côtes au nord ; et souvent il devient très difficile aux vaisseaux de trouver un abri pour se mettre en sûreté. Les canots de la Compagnie, chargés jusqu’au bord, n’avaient pas la témérité, on le pense bien, de s’éloigner des côtes. Dès que les guides voyaient le vent s’élever ils se hâtaient de gagner la baie la plus proche, où ils attendaient le retour du beau temps. Il arrivait quelquefois que, durant la traversée, de la pointe d’une baie à l’autre, les voyageurs se trouvaient pris à l’improviste par une bourasque, et alors les canots couraient les plus