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DU NORD-OUEST.

alla consulter son curé, M. Vinet, chez qui elle venait de passer les onze dernières années de sa vie ; et elle prit d’avance la résolution de suivre la voie qu’il lui indiquerait. Dans une telle situation, un conseil irréprochable n’était pas chose facile à donner. M. Vinet ne se fit pas illusion sur les épreuves de tout genre qui attendaient cette jeune femme dans le cas où elle consentirait à partir avec son mari. Il savait qu’une fois rendue dans ces lointaines contrées, elle ne pourrait plus trouver ni pour elle-même ni pour sa famille (si Dieu lui en donnait une) aucun secours religieux. Les missionnaires n’avaient pas alors pénétré jusque là pour y porter les lumières de la foi, et tous les peuples de ces immenses territoires vivaient encore dans l’infidélité. Sous le rapport temporel l’aspect n’était pas plus souriant : elle serait obligée de se faire à la vie nomade comme les sauvages du désert pendant bien des années peut-être ; il était facile de prévoir que la civilisation ne pénétrerait pas de sitôt dans cette partie de l’Amérique. Cependant, après avoir tout bien examiné, sans