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LA PREMIÈRE CANADIENNE

d’instances et de prières, elle finirait par détourner son mari de ce dessein, qu’il lui avait caché avant de la demander en mariage ; mais quand, après avoir apporté les raisons les plus fortes et les plus convaincantes, elle vit que cette résolution était inébranlable et qu’il voulait partir à tout prix, elle sentit alors tout ce qu’il y avait de pénible dans sa position. Il était trop tard pour poser des conditions ; il ne restait plus d’autre alternative que celle de laisser partir seul son époux, sans espoir de ne le revoir qu’après de bien longues années, peut-être jamais ; ou bien de partir avec lui pour aller dans un pays barbare partager, pendant le reste de ses jours, ses fatigues, ses misères, et ses dangers.

À la rigueur, elle n’était pas obligée de prendre ce dernier parti. Ses parents étaient opposés à ce voyage ; ils savaient que si leur fille se décidait à l’entreprendre, ils ne la reverraient plus jamais sur cette terre ; et cette pensée les affligeait profondément.

Dans son incertitude, Madame Lajimonière