Page:Dugas - La première Canadienne du Nord-Ouest, 1883.djvu/103

Cette page a été validée par deux contributeurs.
99
DU NORD-OUEST.

catéchisme : « Écoute, mon enfant, tu diras à ta mère que je n’ai rien du tout à manger ce soir. » L’enfant se hâtait de faire la commission, et revenait aussitôt après, à travers le bois portant un petit paquet de viande sèche pour les missionnaires.

Les années 1819, 1820, 1821, 1822 et 1823 furent des années de disette et de misère pour la colonie. À l’arrivée des missionnaires, il n’y avait pas encore de pain dans le pays, même à la table du gouverneur de la Compagnie ; mais on espérait en manger bientôt. Les colons avaient ensemencé leurs champs, et les grains avaient la plus belle apparence. Mme Lajimonière, quoique déjà accoutumée à ne manger, depuis douze ans, que de la viande pilée, séchée au soleil, regardait avec complaisance un petit morceau de terre que son mari avait ensemencé auprès de sa maison. On a beau vivre longtemps sans manger de pain, le goût ne s’en perd pas ; puis cet aliment allait être pour elle un souvenir du pas natal, ce qui en augmentait encore la valeur. Malheureusement,