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LA PREMIÈRE CANADIENNE

Lajimonière qui, étant la seule femme baptisée, servit de marraine à tous.

Pendant longtemps dans la colonie, tous les enfants l’appelèrent : Ma marraine.

Le lendemain, qui était un dimanche, fut un jour solennel au fort. Tout avait été préparé, dans la salle destinée à servir de chapelle, pour recevoir le peuple et chanter la grand’messe, avec toute la pompe qu’on pouvait apporter dans cette circonstance. Quel jour mémorable que celui-ci ! C’était la première fois que dans ces lieux témoins de tant de crimes, la sainte Église catholique allait faire entendre sa voix pour chanter la gloire du Seigneur. C’était la première fois que des apôtres allaient prêcher les vérités de l’Évangile à un peuple qui, jusque là, avait vécu à l’ombre de la mort. C’était l’Église de la rivière Rouge à son berceau. C’était le grain de sénevé jeté en terre, et qui plus tard devait produire ce grand arbre dont les immenses rameaux ombragent aujourd’hui les déserts de l’Ouest.