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PRÉFACE



La présente édition est entièrement différente de la première : l’ouvrage est réduit de plus d’un quart. Le lecteur présumera que, pour consentir à une telle amputation, nécessairement douloureuse à son amour-propre, l’auteur a dû avoir de fortes et pressantes raisons. En effet, il n’a pas cédé au simple désir de rendre son livre plus accessible au public, quoique, pour être entendu des lecteurs français, il ait parfois allégé son texte de citations ou d’expressions grecques, qu’il jugeait superflues ; il n’a pas non plus visé à faire une édition expurgée, et qui pût être mise entre toutes les mains. Certes il se félicite grandement d’être arrivé à ce résultat ; il se défend pourtant de l’avoir pris pour but. Il a le sentiment d’avoir respecté son sujet ; il a voulu le traiter en entier, sans réticences ni fausse pudeur. Mais il lui a paru que ce sujet lui-même lui commandait les sacrifices auxquels il a consenti. Il l’a mieux défini, plus exactement circonscrit qu’il ne l’avait fait dans la première édition. Il n’avait pas cru alors devoir séparer l’amitié de l’amour grec, sous prétexte qu’elle en peut sortir. Il s’était laissé séduire par Platon, qui paraît voir dans l’amitié une transformation et une épuration de l’amour, tel qu’il existait