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VERS LES SOMMETS

teurs d’un comté qui fait d’un candidat un député. Jusqu’à présent je ne sache pas qu’un député ne le devienne d’une autre façon.

Luc Tremblay ne le laissa pas continuer, craignant une réponse défavorable à leur sollicitation. Aussi s’empressa-t-il de brûler ses vaisseaux :

— Monsieur, fit-il, j’ai oublié de vous dire que je suis maire de ma paroisse. Or, l’autre jour je me suis rendu au Conseil de comté. Avant et après la séance, des groupes parlaient politique. De chacun d’eux montait le cri unanime : « C’est LeBrun qu’il nous faut. Nous le voulons pour député, car ce jeune homme est un homme déjà extraordinaire, qui pourra nous représenter dignement, qui deviendra célèbre un jour, et qui saura, auparavant, par sa seule force et son prestige, nous débarrasser de la dizaine de « créchards » qui vivent aux dépens des candidats, des partis et des gouvernements. « À bas les chefs ! » criait-on de toutes parts. Voilà le résumé des paroles que mes amis et moi entendons tous les jours.

— Je sais, messieurs, reprit Jules, feignant de ne retenir que la dernière phrase, qu’un homme devrait venir indépendamment des chefs, si cela se pouvait. Mais, en pratique, étant donné nos