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VERS LES SOMMETS

aujourd’hui. Tout m’enchante. Plus lucide est mon esprit, plus souple est mon corps. Mes ardeurs veulent bondir, prendre des élans malgré moi. Ma vie présente est un véritable concert.

Vraiment je ne suis plus le même. Les gens que je coudoie non plus. On me trouve transformé. Ma mère me dit souvent :

— Tu ne sais pas, Jules, combien j’aime ce changement. Ton acharnement à l’étude m’inquiétait pour ta santé, me peinait un peu, car il me privait tant de ta présence ! Puis il y a l’union que tu vas faire !… J’avais peur que notre famille ne s’éteignît avec toi !… »

Je n’y avais pas pensé ! Aujourd’hui je comprends la crainte que ma mère éprouvait ! Mais Cupidon m’a dessillé les yeux, m’a ouvert le cœur ! J’aime !

Des clartés roses emplissent tous les lieux où je me trouve. Chaque jour les fenêtres de mon bureau, ses murs, ressemblent à un écran de cinéma sur lequel la nature en fête perpétuelle joue les plus féeriques scènes. Avant mon amour, j’étais sourd aux voix pures, voix de nos gentils chantres ailés, aveugle devant la multiplicité des si riches couleurs qui s’étalent.