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VERS LES SOMMETS

avait précisément l’âge de Jules. Dans leur enfance, ils avaient vécu tous deux comme sous un seul et même toit. Elle raffolait de toilettes et de parties de plaisir. À tous les amusements possibles, elle prenait part, joviale et rieuse. Sa conviction était que les descendantes d’Ève ne sont que des bibelots pour les hommes. Elle n’avait jamais imaginé être autre chose pour lui. Elle affectait de n’être pas sérieuse, croyant lui plaire davantage.

Jamais sa conversation ne tombait sur des questions sociales ou autres de ce genre, afin de ne pas s’immiscer dans le domaine de l’activité masculine. C’est pourquoi avec lui elle ne parlait que mondanités, que modes, que succès de salon. Malheureusement c’était le genre de conversation qu’il prisait le moins. Elle compromettait ainsi la cause de son sexe. En effet, par elle, il avait été longtemps à croire que la femme était légère, frivole, qu’on ne pouvait l’entretenir d’idéal. Il considérait donc Élise comme une bonne amie, pas plus. Il s’était toujours arrangé de façon à ne pas se trouver seul avec elle. Elle ne l’intéressait pas.

S’il s’était pourtant donné la peine d’une petite excursion dans le cœur d’Élise, il y aurait perçu des battements plus forts et plus drus quand il se