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VERS LES SOMMETS

et depuis deux jours qu’il le contemplait, rêvait d’en faire un homme remarquable. Il s’était promis, peut-être mille fois, de lui fournir tous les moyens d’acquérir d’une façon parfaite les connaissances humaines. Il est temps, se dit-il, qu’un homme surgisse et que, par son savoir, sa science et son érudition, il s’impose à ses semblables pour les diriger vers les sommets. Il n’avait pas foi au présent.

Non, jamais un père n’avait si ardemment désiré un fils, ni, après l’avoir eu, rêvé d’en faire un homme si complet. Ce désir de gloire pour son garçon, ancré chez le notaire à l’état d’idée fixe, le hantait du matin au soir, et, la nuit troublait son sommeil, au point que, souvent il ne pouvait dormir, même une heure. On ne sait pas combien de fois il s’était dit qu’il n’épargnerait rien pour le faire instruire, afin qu’il pût prendre son essor, son vol vers les hautes sphères, où il planerait sûrement. Dans son imagination chauffée à blanc par le feu que lui communiquait cet être si cher, il apercevait sa destinée, son ascension sur le sommet d’une grande échelle dont l’extrémité touchait tous les horizons. Il était certain qu’il verrait loin et qu’il saurait voir. Plus de doute pour lui : un génie habitait sous son toit.