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VERS LES SOMMETS

sent qu’il m’est inutile de chercher à les confondre. Je vous en remercie du fond du cœur. Mais pour ma propre satisfaction, permettez que je prenne un engagement conditionnel vis-à-vis de mes accusateurs. S’ils peuvent, en cette dernière semaine de lutte, produire une preuve irréfutable d’une seule minute d’inconduite de ma part depuis que j’ai l’âge de raison, je promets de quitter l’arène et de laisser élire par acclamation leur candidat. Un coupable fait-il à ses accusateurs une semblable proposition au moment précis où commence à lui sourire la plus souhaitée des victoires ?

Partout où ce vibrant plaidoyer fut fait, une longue et bruyante ovation suivait toujours. Le peuple-jury lui criait avec son âme invariablement : « Non coupable ». Et le peuple-juge prononçait dans le délire son acquittement.

La veille du jour solennel du scrutin, il était minuit lorsqu’il finit de parler à ses électeurs pour la dernière fois. Il se sentait la conscience en paix. Le succès de sa justification avait enlevé de son cœur un poids écrasant. Mais ses efforts oratoires l’avaient un peu épuisé. Comme il se trouvait à Saint-Étienne, ce soir-là, ses bons amis l’amenèrent coucher chez le docteur Fraser, qui le soigna de son mieux. Une fois bien endormi dans le lit qu’on