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VERS LES SOMMETS

afin qu’elle ne pût nuire à la circulation, bien que celle-ci fût très rare en ces lieux, et à ce moment-là.

Ses deux agresseurs le conduisirent dans la forêt, à une distance d’au moins un quart d’heure de marche. Quand ils furent arrivés à l’endroit prévu, ils le jetèrent dans un camp de bûcherons, qu’ils verrouillèrent, après lui avoir délié les bras. Ils savaient qu’il pourrait seul enlever son bâillon et son bandeau. De cette façon, il ne les verrait pas. Au préalable, ils avaient placé sur la table des outils qui lui serviraient à se pratiquer une ouverture pour sortir de sa misérable geôle. Il n’y avait qu’une petite fenêtre de huit pouces de côté dans le haut de la porte, qui était aussi solidement barricadée que celle d’une prison.

Les deux bandits avaient donc le temps de déguerpir et d’arranger les choses pour que rien ne trahît l’acte hideux qu’ils avaient fait.

Une fois en route vers leur Ford, ils se démaquillèrent, l’un en enlevant la barbe postiche qui le vieillissait de trente ans, l’autre en arrachant le loup qui lui recouvrait le visage.

— Y a pas fait d’malice, hein ? remarqua Ti-Noir.

— Qu’est-ce qui pouvait faire tout seul contre nos deux ? j’tel demande, répondit Marc.