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VERS LES SOMMETS

te, sur le bord de la voie, à une centaine de pieds de lui, stationnait un vieux modèle de voiture quelconque. Tout près de cet auto apparemment en panne, un homme à grande barbe, à feutre enfoncé jusqu’aux oreilles, et un autre, le dos tourné, faisaient force signaux de détresse.

Jules ne fut pas lent à arrêter son « Sedan ». L’un des deux inconnus s’approcha du chauffeur.

— Que désirez-vous ? questionna l’avocat, très pressé de repartir…

Le dernier mot de cette question complaisante expira dans sa gorge, comme une espèce de râlement. Un des gaillards venait de le saisir, de lui appliquer un bâillon et de lui envelopper le visage d’une toile opaque, pendant que son triste associé lui liait les mains derrière le dos. La première scène de ce rapt dura l’instant d’un éclair. Plongé tout à coup dans une telle obscurité et sentant ses bras si solidement immobilisés, le jeune avocat vivait un malheureux rêve, on l’imagine bien.

On le descendit rapidement de sa voiture. Il ne fit aucune résistance. Il comprit que les quatre chefs l’empêchaient de faire son dépôt en temps. Son automobile fut mise sur le bord de la route,