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VERS LES SOMMETS

s’ils eussent quitté la zone d’ombre qui les enveloppait, s’ils eussent évolué sur le théâtre mondial !

L’approbation fut unanime.

— Vous avez raison ; rien n’est aussi vrai, firent les enfants. Sur ces entrefaites, M. Clément avait allumé un cigare. Simone, la cadette, avait placé à la droite du fumeur philosophe un menu cendrier de métal couleur de bronze. Le radio jouait maintenant un morceau d’orgue, qu’on entendait à peine. Il ne neigeait plus qu’à très menus flocons. Le vent s’était calmé. Le ciel s’éclaircissait. Par la baie de la façade, un rayon de soleil filtra. Le printemps l’emportait !

Le capitaine, enveloppé dans un nuage de fumée pâle, reprit son sujet où il l’avait laissé, s’adressant, cette fois, à un auditoire invisible :

— Oui, mes enfants, les grands génies sont des rois de l’esprit, des champions de la mémoire et de l’imagination, du jugement et du raisonnement. Ils sont illuminés, prophètes et créateurs. Un Homère, un Démosthène, un Cicéron, un Socrate, un Corneille, un Molière, un Bossuet, un La Fontaine, un Raphaël, un Mozart, pour ne nommer que ceux-là, possédaient tous les dons, aptitudes et talents dont Dieu puisse doter un être humain.