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VERS LES SOMMETS

me du peuple pour moi, ils craindront d’aller à l’encontre de ses désirs. Du reste, les délégués tiennent à exprimer une bonne fois leur propre opinion, manifester leur volonté. Je ne peux penser que ces gens soient assez veules pour plier l’échine sous la férule de ces scélérats, pour se laisser en imposer par eux.

Il espérait, car son nom était vraiment populaire. Il avait conduit son auto, en arrivant, devant la maison de M. Landry, oncle de Françoise. Cette dernière s’y était rendue la veille et l’attendait, impatiente. Tous deux allèrent s’asseoir sur la véranda, derrière une touffe d’hydrangées et de seringas. Une fauvette accompagnait de ses trilles le chant de leur bonheur. Deux petits demi-angoras, tels deux tricots de laine qu’agiterait le vent, jouaient à cache-cache sur le sable fin de l’allée fraîche. Dans la feuillée d’un érable, des mésanges pépiaient, des bergeronnettes lançaient des roulades sonores.

— C’est le jour qui décide de ton sort, Jules… Non, ce n’est pas tout à fait cela que je veux dire, fit Françoise, toute radieuse, mille fois confiante. C’est le jour qui marque une libération. C’est la prise de la Bastille des chefs. Le quatorze juillet de chaque année, notre cœur fêtera cet anniversaire.